L’HISTOIRE DE L’HOMÉOPATHIE – les grands traits sur 200 ans
Le premier homéopathe : un médecin…scientifique
C’est Samuel Hahnemann (1755-1843), un médecin né en Allemagne, qui découvre les principes de l’homéopathie. Cela est le résultat de réflexions critiques sur la médecine pratiquée à son époque, mais survient surtout par le biais d’expérimentations qu’il consigne dans une œuvre écrite très impressionnante[1]. Voir Les principes de l’homéopathie
Dans le but de valider les vertus curatives des substances utilisées par les médecins de son temps, Hahnemann mène des expériences méthodiques et méticuleuses dont il compile les données d’abord sur une trentaine de ces substances, puis plus d’une centaine d’autres. Cette information constituera la matière médicale homéopathique, un ouvrage de base qui sert à présenter les remèdes et leurs indications thérapeutiques avec lesquels, notamment, il combattra les épidémies qui affligent ses contemporains.
Avant-gardiste, Hahnemann est parmi les précurseurs qui prônent l’hygiène comme mesure sanitaire et aussi de ceux qui proposent des soins en santé mentale qui ne soient ni violents, ni dégradants. Enfin il est le premier à proposer une prophylaxie (prévention) simple, grandement efficace, très économique et sans danger contre les maladies contagieuses[2].
L’homéopathie gagne en popularité en combattant les épidémies
Même si Hahnemann préconise l’homéopathie pour soigner au quotidien, c’est son utilisation dans la prévention et le traitement des épidémies qui fera connaître l’homéopathie d’abord en Allemagne, puis dans les pays limitrophes.
- En 1799-1800, il l’expérimente avec succès pour la première fois contre la scarlatine. (Lien sur les maladies contagieuses et infectieuses, à venir)
- Il l’emploie à nouveau en 1814 lors d’une épidémie de typhus où sur 186 cas traités, il n’enregistre aucun décès, ce qui est exceptionnel.
- Puis en 1831-32, alors que le choléra fait mourir la moitié des populations d’Europe où il s’infiltre, l’homéopathie permet de sauver 90 à 95 % des gens traités. En comparaison, à peine 40 % sont rescapés par les traitements conventionnels de l’époque. La « nouvelle médecine », comme on l’appelle, gagne alors des adhérents sur tous les continents.
De nombreux homéopathes viennent à leur tour enrichir l’héritage conceptuel et pharmacologique que leur lègue Hahnemann. À la suite de l’inventeur de cette « nouvelle médecine », d’influentes figures vont apporter leurs réflexions sur sa théorie. Certains auront un point de vue critique et proposeront une nouvelle approche, une nouvelle méthode. D’autres vont se pencher davantage sur la pratique en bonifiant sa matière médicale ou les outils de cette pratique. Des revues et journaux naîtront pour nourrir la discussion sur la thérapeutique homéopathique, la résolution de cas ou, par exemple, les expérimentations en milieu hospitalier qui montrent sa supériorité clinique sur la médecine conventionnelle, l’allopathie, cela à partir de 1821[3].
L’homéopathie à la conquête de l’Amérique
En Amérique du Nord, l’homéopathie s’installe aux États-Unis un peu avant l’époque du choléra, puis gagne le Mexique vers 1840; elle arrive dans les mêmes années au Canada par l’Empire britannique. Le premier homéopathe connu au Québec est un Écossais qui vit à Montréal et pratique l’homéopathie dès 1842[4], mais qui, par peur des représailles, n’en dit rien. C’est que les tenants de la médecine officielle, bien soutenus en cela par la presse locale, ne sont pas très chauds aux idées thérapeutiques qui leur font compétition. Par exemple, de la Grande-Bretagne, le Collège royal des médecins et le Conseil médical iront jusqu’à empêcher que parviennent à la Chambre des communes les statistiques sur le traitement de l’épidémie de choléra par les homéopathes en Europe[5].
La légalisation de l’homéopathie au Canada
Cela n’empêchera pas le parlement de légaliser la pratique de l’homéopathie en accordant aux homéopathes une charte en 1859 dans le Haut-Canada (Ontario), puis en 1865 dans le Bas-Canada(Québec) où s’était formée la Montreal Homœopathic Association. Cette loi octroyait à l’association le droit d’enseignement et celui aussi d’avoir un hôpitalet en faisait la troisième corporation professionnelleaprès celles des avocats et des médecins.
Après avoir longtemps tenu un dispensaire, rue Saint-Antoine, mais aussi après avoir cherché une place dans les hôpitaux francophones, l’association faisait naître son propre hôpital en 1894, sur la rue McGill, le Montreal Homœopathic Hospital; il suivait de quelques années celui érigé à Toronto.
Le déclin de la médecine homéopathique en Amérique
À la fin du XIXesiècle, on compte aux États-Unis, plus de 150 hôpitaux homéopathiques et des milliers de dispensaires, alors que le pourcentage de médecins qui pratiquent l’homéopathie paraît en hausse[6]. Or, c’est aussi à partir de cette époque (1870) que la pratique de la médecine conventionnelle se transforme. Diverses avancées techniques relatives aux mécanismes des maladies (physiologie et pathologie), puis la théorie du germe de Pasteur et celle de Koch (bactériologie et séro-thérapie), les techniques antiseptiques, la découverte de l’anesthésie rendent la médecine allopathique plus efficace et lui assurent une nouvelle crédibilité.
Pourtant, cette transformation de l’allopathie n’explique pas tout de la régression de l’homéopathie en Amérique. En effet, pour certains, ses écoles sont alors trop peu rigoureuses sur les principes même de l’homéopathie et participent de fait à son déclin prévisible. Enfin, l’emprise de la médecine allopathique, qui devient la référence « scientifique » sur le marché de la santé, est surtout le résultat de son alliance avec l’État, son élite politique et économique, renforcée par la formation d’associations allopathiques professionnelles, mais aussi la conséquence des suites du rapport Flexner de 1910 sur la formation médicale aux États-Unis et au Canada.
« Ce rapport reconnaissait et autorisait la domination sociale d’une médecine scientifique orientée sur une approche physicochimique et pathologique du corps humain ainsi que sur la recherche dans laquelle les sciences biologiques et l’entraînement en laboratoire devenaient le fondement de la connaissance médicale (positiviste, ou médecine scientifique). Ainsi toutes les facultés de médecine qui n’adoptaient pas ce modèle, ont été éventuellement éliminées. (…) Par exemple, quarante-six écoles de médecine aux États-Unis furent fermées, incluant celles formant les femmes et la communauté noire, dont au moins 20 Collèges et Universités où s’enseignait la médecine homéopathique. Ainsi, après 1910, il ne restait qu’une quinzaine d’établissements et la plupart se sont éventuellement convertis en école allopathique ou ont carrément fermé leurs portes. (…) Seulement deux enseignaient encore l’homéopathie en 1923. »[7]
Désormais, la science médicale, la science des laboratoires et ses bactéries, va s’imposer au détriment de l’art de la thérapeutique qui repose sur l’observation du malade et l’analyse de toutes ses dimensions humaines.
Ainsi même si les homéopathes continuent de combattre avec grand succès les épidémies, dont la fièvre jaune, la diphtérie, la variole, toujours menaçante, mais aussi la fameuse grippe espagnole (1918–1919)[8], la médecine conventionnelle et ses nouveaux outils s’imposent de plus en plus, aux dépens de l’homéopathie et de sa capacité de soigner qui constitue sa grande force.
Alors que le gouvernement du Mexique adopte l’homéopathie au début du XXesiècle, mais que disparaissent la majorité des institutions aux États-Unis, l’hôpital homéopathique de Montréal assure sa survie en s’adaptant aux changements imposés par le courant officiel et déménage pour s’agrandir en 1931, s’installant sur la rue Marlowe (coin Sherbrooke). Malheureusement, n’ayant favorisé ni l’enseignement, ni la recherche pour créer une relève, sa vocation homéopathique s’est estompée peu à peu. En 1952, l’hôpital devient le Queen Elizabeth Hospital. On connaît en réalité très peu d’activités vraiment homéopathiques au Québec au milieu du siècle dernier, si ce ne sont quelques échos de praticiens isolés dans les années 50.
Aux débuts des années 1970, dans le contexte de la réorganisation des professions, la Montreal Homœopathic Association, appelée à témoigner, est représentée par le plus jeune de ses 13 membres restants, Gabriel Delporte, qui pratique toujours l’homéopathie à 86 ans! La commission d’enquête déclare l’association moribonde. En pratique, elle n’existe plus et ferme les livres; c’en est fini du statut légal particulier accordé aux homéopathes au Québec[9].
Un don important d’un homéopathe à l’Université McGill fera naître la plus importante bibliothèque sur l’homéopathie au Canada, qui se trouve à la Osler Library, qui rappelle encore aujourd’hui l’époque pionnière des premiers homéopathes à Montréal.
Quant à l’hôpital de la rue Marlowe, le Queen Elizabeth-Homœopathic Hospital, il ferme en 1996, à la demande de l’état, victime d’une restructuration voulant favoriser des « super-hôpitaux ». Pourtant, six mois après la fermeture, ce petit hôpital communautaire est nommé « meilleur hôpital au Canada »! Les observateurs et témoins de son parcours centenaire, autant le personnel infirmier et médical que les patients, s’entendent tous pour dire que l’établissement devait son excellente réputation à la tradition homéopathique, préservée à travers les années parce que le malade y était vraiment au centre des soins[10].
Le retour de l’homéopathie
Dans le paysage de la santé, les années 80 voient réapparaître plusieurs médecines non conventionnelles et autres approches alternatives à la médecine occidentale en réaction aux insatisfactions envers la pratique moderne. La population est en quête de thérapeutiques différentes, de celles qui s’intéressent au malade, dans tous ses aspects, autant qu’à sa maladie. Le phénomène interpelle suffisamment pour que le gouvernement convoque une commission parlementaire sur les « médecines douces » à la fin des années 80. C’est pendant cette période que l’homéopathie, venue d’Europe, refait surface au Québec, période où elle renaît aussi partout autour du globe.
Aujourd’hui, les remèdes et la pratique de l’homéopathie font l’objet d’une législation dans de nombreux pays. En Europe seulement, plus de 100 millions de patients utilisent l’homéopathie et plus de 50 000 médecins et spécialistes la pratiquent[11].En Amérique du Sud, la pratique est légale dans certains pays et largement établie dans la plupart des autres. L’Inde et le Pakistan sont des pays qui ont, à l’instar du Royaume-Uni, une tradition plus que centenaire de la pratique de l’homéopathie où elle est extrêmement répandue (100 millions d’utilisateurs, au-delà de 200 000 praticiens).
En outre, dans les pays en voie de développement et les pays émergents, certaines médecines non conventionnelles – dont l’homéopathie – sont prises en compte et encouragées parl’Organisation mondiale de la santé (OMS) parce qu’elles sont faciles d’emploi, économiques et complémentaires de la médecine conventionnelle[12].L’homéopathie y est notamment utilisée pour combattre épidémies et maladies infectieuses pour lesquelles la médecine conventionnelle est impuissante. Voir Les maladies infectieuses et l’homéopathie (lien à venir) et Les Homéopathes de Terre Sans Frontières (lien à venir).
Quelques dates importantes sur la présence des homéopathes et de l’homéopathie au Québec 1755 – Naissance de Samuel Hahnemann (1755-1843). 1831 – L’expansion de l’homéopathie dans le monde. 1840 – L’homéopathie au Québec. 1865 – Une charte canadienne pour la Montreal Homœopathic Association. 1894 – Un hôpital homéopathique à Montréal : le Montreal Homœopathic Hospital. 1900 – Fin de l’âge d’or de l’homéopathie et la réforme de la médecine conventionnelle. 1918 – Les homéopathes traitent toujours avec succès, mais leurs institutions disparaissent. 1931-1952 – L’hôpital homéopathique change de vocation : le Queen Elisabeth Hospital. 1970 – Fin du statut légal de l’association et des homéopathes pionniers. 1980 – Renaissance des médecines non conventionnelles et autres pratiques alternatives. 1989 – Fondation du Syndicat professionnel des homéopathes du Québec (SPHQ). |
RÉFÉRENCES
[1]Fournier, D. (2013) Bibliographie de Samuel Hahnemann. Une contribution au corpus hahnemannien de langue française, Montréal, 2013; http://www.igm-bosch.de/content/language2/downloads/Biblio_Hahnemann-Fournier_IGMBosch-maj_avril_2014.pdf, 529 p.
[2]Fournier, D. (2012) « La présence des homéopathes et de l’homéopathie au Québec », Document de présentation concernant la nécessaire reconnaissance des homéopathes au Québec, déposé au Commissaire à la santé et au bien-être dans le cadre de la consultation sur les médicaments, Syndical professionnel des homéopathes du Québec (CSN-FP); p. 26-29.
[3]Dean, ME. (2004) The Trials of Homeopathy. Origins, structure and development, Essen, Karl and Veronica Carstens Stiftung, 305 p.
[4]Fournier, D. (2017) « Dr Arthur Fisher. Élements biographiques d’un pionnier de l’homéopathie au Canada », Revue Belge d’homœopathie, 69e année (2017), vol. 94, no. 275 (septembre) : 125–130.
[5]Wanless, J. (1864)Letters discussing homœopathy (…), W. Drysdale, Montreal; p.22.
[6]Winston, J. (1999) The Faces of Homœopathy, an illustrated history of the first 200 years, Tawa, New Zealand, Great Auk Publishing; p.554-560.
[7]Taillefer, A. (2009) Impact médical et social de la consultation en médecine homéopathique chez les mères : une question de paradigme, Mémoire de maîtrise en sociologie, Montréal, Université du Québec à Montréal, 331 p.
[8]Winston (1999), op. cit. : 236-238.
[9]Fournier, D. (1992) L’Évolution de la pensée homéopathique, EESHQ, Ste-Foy, 100p.
[10]Dressel, H. (2008)Who killed the Queen. The Story of a Community Hospital and How to Fix Public Health Care, McGill–Queen’s University Press, Montreal & Kingston, 471 p.
[11]Homeopathy Research Institute (HRI), (2015) « Homeopathy use around the world », https://www.hri-research.org/resources/homeopathy-the-debate/essentialevidence/use-of-homeopathy-across-the-world/..
[12]Organisation mondiale de la santé (2013), Stratégie de l’OMS pour la Médecine Traditionnelle pour 2014-2023, Organisation mondiale de la santé, Genève; http://apps.who.int/medicinedocs/documents/s21201fr/s21201fr.pdf. Voir aussi : Onk C. K. etalt., (2006) Who Global Atlas of traditional, complementay and alternative medicine. Map Volume, World Health Organization. Center for Health Development, Kobe.
C’est vers 1840 qu’arrive l’homéopathie au Canada. Elle prend forme dans une société médicale homéopathique vers 1843, en Ontario. En 1852, est donné un statut légal à la » Homeopathic Medical Society of London « .
Il faudra attendre les annés 1860, au Québec, pour voir un embryon de structure institutionnalisée Les carrières respectives de Rosenstein, Fisher et Wanless représentent trois façons différentes d’être homéopathes au Québec au milieu du XlX° siècle. Mais elles illustrent les difficultés auxquelles ont à faire face les homéopathes pour faire reconnaître leur pratique avant l’établissement d’institutions.
John George Rosenstein (?-?),immigré allemand, s’était fait d’abord connaître comme homéopathe en donnant des conférences publiques, sitôt arrivé à Montréal. A l’été 1844, il obtint de la part des gouverneurs du « Montreal General Hospital » la permission de tester la thérapie homéopathique sur des patients hospitalisés dans le service de Archibald Hall. Quelques jours après le début des traitements, l’état des patients n’évoluant pas à la satisfaction de Hall, celui-ci les reprit en main, sonnant le glas des expérimentations homéopathiques au MGH. Ce qui, d’ailleurs, rencontrait les souhaits de l’éditeur du « Montreal Medical Gazette » qui ne cachait pas son mécontentement à propos des essais, allant jusqu’à blâmer les gouverneurs de l’hôpital d’ouvrir ainsi leurs portes au « premier charlatan venu ».
Exclu du « Montreal General Hospital », conspué par la presse médicale, Rosenstein publia quand même deux ouvrages. Le premier reproduit, en 1845, un exposé de la doctrine de Hahnemann par un homéopathe anglais, John Epps. S’y trouvait également le résumé d’un article d’un journal autrichien livrant les observations de dilutions homéopathiques à l’aide d’un microscope. Le second ouvrage de Rosenstein, en 1846, recompilait des textes britanniques, autrichiens, allemands et américains sur l’homéopathie. La carrière montréalaise de Rosenstein s’arrêta là; il quitta Montréal pour l’Angleterre.
Pendant que Rosenstein faisait la promotion de la « nouvelle école », un autre homéopathe, Arthur Fisher (1816-1913) choisissait de garder le silence sur son allégeance, de peur d’être accusé de charlatanisme lui aussi. Diplômé d’Edimbourg (Ecosse), Fisher se rendit à Vienne à la fin des années 1830 pour approfondir l’anatomie et l’ophtalmologie. Là-bas, devant les succès thérapeutiques de l’homéopathie (rappellons que c’est la période post- choléra), il est convaincu de s’y initier. Il obtint, en 1842, son permis de pratique du Collège des Médecins et Chirurgiens de la Province de Québec (CMCPQ) et commença à soigner selon le système hahnemannien. Son mutisme stratégique lui permit de mener une carrière assez honorable dans les institutions médicales montréalaises. Il prononça des conférences et obtint un poste de professeur d’anatomie à McGill. Dans ses souvenirs (tirés d’une série d’articles de Fisher dans le « Montreal Homeopathic Record« , en 1896, il mentionnait le cas de deux médecins adeptes de l’homéopathie, Morrin et Fargues, qui avaient, eux aussi, choisi la voix du silence à celle de se réclamer ouvertement de l’homéopathie.
On connaît Fargues pour avoir, par testament en 1842, légué une somme de 6000 livres anglaises destinées à « McGill University » pour qu’on y établisse une chaire d’homéopathie portant son nom. Ce qui ne fut jamais fait ! Quant à Joseph Morrin, chirurgien à l’Hôtel- Dieu de Québec, il recommanda aux soeurs Augustines, en quittant son poste, la candidature de Charles Frémont qui, disait-il, pratiquait l’homéopathie.
Le nom de Joseph Morrin peut aussi être associé à celui de Pierre-Martial Bardy (1797-1869). Bardy obtint son droit de pratique, après « apprentissage », en 1829. Pendant l’épidémie de choléra de 1832-1834, il pratiquait, à St-Athanase dans le comté de Rouville, selon les méthodes usuelles de la « vieille école ». En. 1842, il fonda la « Société St-Jean- Baptiste de Québec ». Il enseigna, de 1848 à 1854, la botanique à l’École de médecine incorporée de Joseph Morrin. Il devint un adepte de l’homéopathie lors d’un voyage aux États-Unis en 1847. La crainte d’une nouvelle épidémie de choléra en 1854 lui donna l’occasion de vanter les mérites de la « nouvelle médecine ». Il proposait en plus des « globules » homéopathiques de suspendre, en prévention, un sou de cuivre au plexus solaire, pour contrer le virus cholérique. Ce qui déchaîna une polémique dont furent témoins les journaux et que ne voulut pas départager l’Université LavaI, dont le département de médecine avait à peine un an. Bardy fut nommé en 1852, inspecteur des écoles des comtés de Québec, Montmorency et Portneuf. Il connut des difficultés financières liées à la « Société St-Jean-Baptiste de Québec » et mourut à 72 ans, volontairement oublié de la Société de médecine de Québec qui le considérait comme un « hérétique ». Il fut enterré dans la crypte de la cathédrale Notre-Dame de Québec.
John Wanless (1813-1901), vingt ans après la mort de Fargues, en 1864 demanda, lui aussi, publiquement une chaire d’homéopathie à McGill. Archibald Hall, alors professeur à McGill repoussa sa demande en invoquant les expériences inefficaces de Rosenstein faites vingt ans plus tôt. Émigré écossais, il donnait depuis un an son concours au dispensaire monté par une association d’homéopathes de Montréal et l’année suivante, il faisait partie du groupe qui allait demandé une charte d’incorporation pour la « Montreal Homeopathic Association ».
Homéopathie au Québec
Extraits de Évolution historique de la pensée homéopathique
Conférence donnée à Montréal à l’École d’enseignement supérieure en homéopathie du Québec, le 5 novembre 1995 par Denis Fournier.
La fondation de la « Montreal Homeopathic Association », en 1863, s’est fait autour du projet d’établir un dispensaire homéopathique destiné aux pauvres de Montréal. Les homéopathes étaient invités à y travailler bénévolement et on confia aux ministres protestants la tâche de distribuer des certificats donnant accès aux soins gratuits. Une campagne de levée de fond fut organisée pour défrayer les coûts de loyer et de remèdes. Après quelques mois, le bilan étant positif, on se proposa d’incorporer la nouvelle institution. Le 18 mars 1865, suite à la demande de John Wanless, F.E. Grafton et cinq autres « laïcs », la loi d’incorporation de la « Montreal Homeopathic Association » recevait la sanction royale.
La « Montreal Homeopathic Association » et les institutions qu’elle affilia a été d’importance capitale dans le développement de l’homéopathie au Québec. L’analyse de la provenance de ses membres, de leurs migrations et de leurs formations renseignent sur plusieurs points.
Les homéopathes québécois étaient d’abord Montréalais en majorité. Anglophones pour la plupart, ils avaient généralement acquis leur formation médicale à l’extérieur du Québec. (L’Université LavaI n’a fourni qu’un seul membre à la « Montreal Homeopathic Association », et le premier de patronyme francophone, en 1912, G.A.D. Delporte). Sept femmes furent membres de l’Association, de Laura Mûller en 1895 à Martha Graham Robson qui obtint la dernière licence de l’association en 1961. La grande majorité des membres que les statuts obligeaient à avoir une formation médicale régulière, reçurent leur formation homéopathique au Hahnemann Medical College de Philadelphie, au Chicago Homeopathic College et au New York Homeopathic Medical College. Ce qui laisse penser, d’une part, que ces écoles avaient un programme spécial d’études allouant un diplôme aux allopathes après un an et, d’autre part la formation reçue pouvait incitée au haut- dilutionnisme. En tout cas, elle était uniciste comme le révèle le témoignage de H. Griffith parlant des soins qu’apportait son père à l’hôpital dans le « The story of the Queen Elizabeth Hospital of Montreal ».
Seulement quatre-vingt-un membres étaient répertoriés pour le XIX° et le XX° siècle au Québec. Ce qui est très peu mais semble réaliste quand on sait qu’à partir de 1865, c’est le lieutenant gouverneur du Québec qui délivrait le droit de pratique. S’il y a eu des cas de pratique homéopathique sans licence, ils furent exceptionnels sans aucun doute, comme ce Gale, dans le Vieux-Québec, ou encore ce Bernard, de Charlesbourg près de Québec, dont on connut les traitements d’eczéma dans les années 1956-58. Ce nombre pourtant restreint d’homéopathes membres de la « Montreal Homeopathic Association » rend difficile à croire, mais encore plus méritoire, qu’ils aient réussi à monter des institutions homéopathiques au Québec.
Queen Elizabeth Hospital
Il faut donc se rabattre sur les raisons déjà évoquées pour les États-Unis soit la structuration du système hospitalier favorisant la standardisation des thérapies née des connaissances acquises en immunologie, bactériologie et chirurgie grâce, en partie, aux guerres mondiales et le développement des spécialités médicales ne favorisant pas la pratique d’une médecine « généraliste » comme l’homéopathie. L’individualisation fait mauvais ménage avec la standardisation.
Il est important aussi de se rappeler que le développement des « pathogénésies » expérimentales, encourageant la production d’ouvrages originaux, a souvent été à l’origine de l’essor de l’homéopathie (Hahnemann, Mure au Brésil, Hering aux E.U., etc.) mais que cela n’a pas été fait par les homéopathes montréalais. Il n’ont pas, non plus, créé de centre d’enseignement de l’homéopathie; et à voir, historiquement, leur attitude dans la fondation du « Montreal Homeopathic Hospital », cela laisse à penser qu’ils souhaitaient s’intégrer aux structures hospitalières anglophones déjà existantes. D’autant plus qu’au moment où la « Montreal Homeopathic Association » cherchait une place pour s’installer, l’Hôtel-Dieu et Notre-Dame, les plus importants hôpitaux francophones (catholiques), étaient disposés à accueillir les homéopathes (protestants). L’encombrement de ces institutions et le « barrage de la langue », sans compter le « nursing » des religieuses, furent des « obstacles majeurs »! Qu’en aurait-t-il été, alors, de l’homéopathie au Québec?
Les archives du « Montreal Homeopathic Association » s’arrêtèrent en 1961. Celles du CHPSM en 1968. Le registre du Collège accorda sa dernière licence, en 1961, à l’écossaise Martha Graham Robson. Elle est décédée, à Londres, en 1974.
L’acte d’incorporation de la « Montreal Homeopathic Association », en plus d’être une brèche dans le monopole des licences de pratique médicale attribuées par le Collège des Médecins et Chirurgiens de la Province de Québec (CMCPQ), leur permit d’établir dispensaire, hôpital, collège d’enseignement avec professeurs (d’origines britannique ou provincial) et un bureau d’examinateurs pouvant attribuer des licences de pratique homéopathique dans le Bas-Canada. Malgré les pouvoirs étendus donnés aux homéopathes, l’incorporation ne suscita aucune réaction du CMCPQ. Il est vrai qu’à cette époque, la vie politique était dominée par les débats entourant la formation de la confédération canadienne.
Le College of Homeopathic Physicians and Surgeons of Montreal (CHPSM) fut formé, en 1865, mais exigeait de ses candidats à la pratique qu’ils aient une formation au Canada ou au Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et de l’Irlande. Ce qui n’était pas pour attirer les candidats puisque, dans les dix-huit premières années de son existence, aucun droit de pratique n’a été accordé. Il fallut attendre 1883 pour voir un amendement laissant tomber cette exigence, ouvrant la porte aux candidats de formation américaine. L’article cinq de l’acte d’incorporation de la « Montreal Homeopathic Association »: « Le dit collège pourra
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en tout temps s’affilier à toute université provinciale (…) » laissait croire que la « Montreal Homeopathic Association » avait peut-être essayer de s’affilier à une université mais devant l’échec et la perspective d’avoir à gérer ses propres institutions, s’était résolue, après dix-huit ans, à agrandir son périmètre de candidats.
Le dispensaire, pour des raisons inconnues, ferma ses portes en 1865 après deux ans de fonctionnement. Les membres de l’association ne se réunirent pas avant 1882. Un nouvel élan pour faire des amendements mineurs. Puis l’association retomba muette pour dix autres années.
Alexander Griffith et Hugh Patton donnèrent un regain de vie au « Montreal Homeopathic Association ». Ils se connurent au NYHMC et sont parmi ceux qui envisagèrent des démarches pour établir un hôpital homéopathique à Montréal. Après s’être adressé en vain_au Royal Victoria Hospital, en construction, et au Montreal General Hospital puis au Civic Contagious Hospital, pour retenir des chambres, le comité de mise sur pied d’un hôpital songa àcréer ses propres structures. En 1894, une patiente de Patton, Georgiana Duff Phillips, fit un don de 10 000 dollars pour acheter une maison au 44 de l’avenue McGill College et y établir le « Montreal Homeopathic Hospital ».
L’hôpital connut une expansion dès le début de ses premières années de fonctionnement. En 1901, un département de maternité ouvrit et, en 1904, des quartiers pour les infirmières. Dotée des meilleurs installations (dont une salle de pathologie, ce qui soit reflète un niveau d’exigence gouvernemental ou social, soit écarte une forme de « purisme »), le « Montreal Homeopathic Hospital » occupait maintenant le 44, 46 et le 48 McGill College avenue et vers 1908 disposait de 50 lits.
En 1895, fut créée la Phillips’ Training School for Nurses, en l’honneur de la bienfaitrice de l’hôpital, et un nouveau dispensaire, rue St-Antoine.
Outre la croissance des effectifs du « Montreal Homeopathic Association », la création du le « Montreal Homeopathic Hospital » et de la PTSN, il faut aussi compter sur la publication par les dames auxiliaires du le « Montreal Homeopathic Hospital », à partir de 1896, du Montreal Homeopathic Records parmi les réalisation de la « Montreal Homeopathic Association ». Au Canada, avec le « Homeopathic Messenger » de l’hôpital homéopathique « Grace Hospital » de Toronto, ce fut le seul journal homéopathique jamais paru au Québec. Le journal puisait ces articles dans la presse homéopathique mondiale et constituait un organe idéal de sollicitation pour le public donateur. Le journal était aussi un véhicule de controverses concernant principalement les développements de la médecine par les biais de la chirurgie à outrance et des nouvelles découvertes comme le sérum anti-diphtérique ou toutes applications en bactériologie et immunologie. L’effet Pasteur (théorie des germes) se répandait dans le monde et n’épargnait pas l’homéopathie montréalaise.
Du « Montreal Homeopathic Hospital » au Queen Elizabeth Hospital
Le « Montreal Homeopathic Hospital » déménagea, en 1931, dans de nouveaux locaux construits en 1927, au 2100 avenue Marlowe.
La situation financière du « Montreal Homeopathic Hospital » ne sembla jamais en péril. Même si les archives de l’hôpital ont été détruites, il est permis de croire que l’hôpital a pu éviter des problèmes financiers par la restructuration constante de ses disponibilités en lits en accordant de plus en plus de place aux lits « payants » semi-privés et privés, au détriment des salles communes.
L’hôpital changea définitivement sa vocation homéopathique en adoptant, en 1952, le nom de Queen Elizabeth Hospital. Mais le changement a dû se produire graduellement. On ne peut pas argumenter du déclin de la thérapeutique homéopathique au « Montreal Homeopathic Hospital » comme étant lié à des raisons financières ni à des conflits internes d’ « écoles de pensée ».
La loi qui fut sanctionnée en 1865 (Loi 28 Viet., c.59: Acte pour incorporer l’Association Homéopathique de Montréal) accordait à l’association le droit d’établir à Montréal un dispensaire et un hôpital homéopathiques. La corporation pouvait établir le « Collège homéopathique de Montréal » pour y enseigner « les principes et la pratique de la médecine et de la matière médicale homéopathiques » dont les professeurs devaient tous être des médecins gradués ou licenciés. L’association avait le pouvoir de nommer un bureau pour examiner tous les candidats à la licence en homéopathie.
Si le bureau des examinateurs accordait le certificat, le Gouverneur du Canada (ceci sera amendée en 1883, confiant au lieutenant-gouverneur la même tâche) pouvait, s’il était convaincu de la loyauté, de l’intégrité et des bonnes moeurs du candidat, lui octroyer une licence pour pratiquer la médecine homéopathique; tous ces licenciés avaient droit aux privilèges conférés aux licenciés en médecine. La « Montreal Homeopathic Association » est la seule corporation professionnelle qui n’obtint jamais le pouvoir d’accorder elle-même des licences d’exercice.
La loi prévoyait aussi que le Gouverneur ou l’une ou l’autre des Chambres de la législature pouvaient exiger de l’association tous rapports ou tous renseignements utiles. La « Montreal Homeopathic Association » fut, encore là, la seule corporation professionnelle assujettie à ce contrôle.
En 1883, la loi fut amendée pour prévoir la tenue par le secrétaire de la « Montreal Homeopathic Association » d’un registre des homéopathes licenciés. Simultanément l’exercice rémunéré de la médecine, la chirurgie et l’obstétrique d’après les doctrines et les enseignements de l’homéopathie, l’usurpation du titre et la publicité erronée étaient réprimés par une amende de cinquante dollars sur poursuite au nom de la « Montreal Homeopathic Association », à qui l’amende appartenait.
La loi concernant l’Association Homéopathique de Montréal, telle qu’amendée en 1883 et
1885 fut reproduite dans les statuts refondus de 1888. On la retrouva également dans les statuts refondus de 1909, 1925 et de 1941 mais on l’a omise en 1964.
Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que des européens francophones allaient réintroduire l’homéopathie dans la province par un réseau informel de formation pour des non- médecins. Des laboratoires vinrent s’installer, des institutions québécoises naquirent et des associations locales de toutes tendances virent le jour. Mais il faudra attendre 1989 pour que se forme le Syndicat professionnel des homéopathes du Québec et que voit se réunir, autour d’objectifs et d’infrastructures académiques, sociales, économiques et politiques, la très grande majorité des praticiens homéopathes dans le but d’obtenir la reconnaissance légale et sociale de l’homéopathie et des homéopathes au Québec.
Organisation: les homéopathes du SPHQ. Le Syndicat professionnel des homéopathes fut formé sous la Loi des syndicats professionnels (L.R.Q., chap. S-40) et compte 360 membres. Outre le fait d’avoir l’obligation, par ses statuts et règlements, de défendre l’intérêt de ses membres, le SPHQ s’est imposé comme devoir moral, en l’absence de corporation professionnelle, de protéger la population. Ce qu’il a fait en dénonçant publiquement, à diverses occasions, le charlatanisme en homéopathie et en étant accessible pour diffuser l’information pertinente concernant l’homéopathie, les homéopathes et leurs qualifications. Le SPHQ s’est doté d’un Code de déontologie et d’un comité de conciliation (discipline) pour veiller à la moralité de la pratique professionnelle de ses membres et régir les relations de l’homéopathe avec le public, le client, les confrères et les autres intervenants de la santé. Le programme cadre de formation des homéopathes est l’aboutissement d’une démarche rigoureuse et d’un désir d’assurer une pratique de qualité. Il consiste en 1500 heures de présence en classe dont 1035 heures portent spécifiquement sur l’homéopathie alors que le reste se partage en formation médicale de base et en instruction complémentaire. Cette formation est agréée – c’est la seule ayant cette reconnaissance au Canada – par la communauté internationale à travers l’ICCH (International Council for Classical Homeopathy). Un comité de formation veille au respect de ces normes. Le SPHQ a aussi un comité d’admission pour étudier les dossiers des personnes qui veulent devenir membres et un comité de recherche et développement pour promouvoir la recherche clinique et fondamentale en homéopathie et jeter les bases d’un comité d’éthique pour la recherche. Tout membre du SPHQ se voit obligé d’adhérer à un plan d’assurance- responsabilité professionnelle.
Aspects politiques: des faits, des actions. 1989: Fondation du Syndicat professionnel des homéopathes du Québec (SPHQ) qui, dans le but d’implanter une homéopathie de qualité au Québec, vise la reconnaissance légale et sociale des homéopathes. Le SPHQ est affilié à la Fédération des professionnels et professionnelles salariés et des cadres du Québec (FPPSCQ) de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) dont le membership atteint les 225,000 membres. 1993: Dépôt d’une demande de corporation professionnelle à l’Office des professions. 1993: Présentation d’un mémoire à la Commission parlementaire sur les médecines alternatives. Depuis 1990, représentations auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux, du Conseil des Études supérieures et de la Technologie, de la Direction législative de l’Assemblée nationale, du Ministère de la Justice, de la Régie de la Santé et des Services sociaux régionaux, de la Corporation professionnelle des médecins du Québec, de la Doyenne de l’UQTR, etc. Le SPHQ est membre du Bureau fédéral des médecines alternatives (BFMA) de la CSN et ainsi associé aux acupuncteur(e)s, aux ostéopathes et aux naturopathes dans leurs démarches de reconnaissance légale. Il est aussi membre du Regroupement québécois d’action pour la santé des femmes ainsi que du Conseil des approches alternatives et complémentaires en santé. En 1996, il a été admis au sein de l’International Council for Classical Homeopathy, le plus important regroupement d’homéopathes non-médecins au monde. 1996: Participation à l’élaboration de la réglementation sur les produits naturels et mémoire concernant les produits homéopathiques présenté (1998) à Santé Canada sur cette même réglementation. Manifestations diverses des homéopathes et du SPHQ: Pétition de 10,000 noms présentée au gouvernement québécois (1995), démarches d’implantation des médecines alternatives à un programme de formation universitaire, congrès internationaux tenus au Québec (1995 à 1998), Semaine de l’homéopathie (1997), dénonciations dans les médias des homéopathes incompétents, etc. Les homéopathes sont installés dans 45 pays dans le monde dont plus d’une vingtaine où la pratique est aussi assurée par des non-médecins.
Aspects socio-économiques: une réalité, des chiffres. Un sondage réalisé pour le ministère de la Santé et des Services sociaux (1992) révèle que 85% de la population est favorable à la reconnaissance légale des médecines alternatives. Il révèle aussi qu’un québécois sur deux (45%) a consulté un thérapeute alternatif (autant que tous les médecins spécialistes!) et que la proportion des utilisateurs sur une base annuelle est de 22%. Seulement un québécois sur quatre (24%) croit qu’il soit nécessaire d’être médecin pour pratiquer une pratique alternative. Une autre étude effectuée par la Régie régionale du Montréal métropolitain (MSSS 1994) montre une hausse de 645% des consultations homéopathiques entre 1987 et 1992! Le travail réalisé par le SPHQ, depuis 1989, n’est pas étranger à cette augmentation de notoriété des homéopathes. Les homéopathes québécois, non seulement ne coûtent rien à l’État, mais participent au roulement de l’économie: – Les consultations et les remèdes homéopathiques ne sont pas défrayés par le régime d’Assurance-maladie. – La majorité des compagnies d’assurance privées remboursent les consultations homéopathiques et parfois les remèdes aussi. – On estime à 25 millions de dollars, par année, la seule vente des remèdes homéopathiques. (D’autres sources avancent 50 millions) – Les études en homéopathie représentent un investissement en moyenne 12 à 15 milles dollars par étudiant(e) sans compter le coût des livres ou de tout autre support pédagogique. Les étudiant(e)s en homéopathie n’ont pas droit aux prêts et bourses. – Les homéopathes, refusant la clandestinité, paient des taxes et des impôts aux différents gouvernements (municipal, provincial, fédéral).
Fournier, Denis. Bibliographie de Samuel Hahnemann. Une contribution au corpus hahnemannien de langue française, Montréal, 2014; 530 pages;
Qualifié de remarquable par la critique européenne pour son importante contribution à l’établissement du corpus littéraire de Samuel Hahnemann, Bibliographie de Samuel Hahnemann a été primée pour assurer sa diffusion par l’Institut d’histoire de la médecine de la Fondation Robert Bosch, de Stuttgart en Allemagne (www.igm-bosch.de).
Bibliographie de Samuel Hahnemann est la plus récente bibliographie du fondateur de la médecine homéopathique, Samuel Hahnemann (1755-1843). Mais davantage qu’une simple mise à jour de tous les titres de langue allemande publiés par Hahnemann au cours de sa longue vie, l’ouvrage a d’abord pour but de faire découvrir les traductions en langue française correspondant à ses mêmes textes originaux, qu’elles soient en format papier ou en versions numériques. S’y trouve aussi une section sur la correspondance privée de Hahnemann traduite en français, puis une autre constituée d’une liste cotée des travaux allemands et français.
Bibliographie (…) ajoute de nombreux titres au dernier catalogue, certains jusque-là inconnus ou encore jamais rapportés; puis ne serait-ce qu’à propos de l’œuvre allemande traduite en français, Bibliographie (…) recense trois fois plus de titres que ceux que l’on croyait jusqu’ici accessibles au lecteur francophone.
Enfin le document a ceci de particulier qu’outre sa revue critique et commentée de l’œuvre de Hahnemann, il présente l’environnement éditorial des parutions, soient les acteurs en lien avec ce dernier, les éditeurs, les auteurs qu’il traduit ou qui le traduisent ou encore ceux à qui il écrit. Ainsi, Bibliographie (…) s’avère être à la fois un ouvrage de référence pour repérer les sujets traités par Hahnemann, tout autant que pour en apprendre sur les gens qu’il côtoyait ou avec qui il correspondait.
Qualifié de remarquable par la critique européenne pour son importante contribution à l’établissement du corpus littéraire de Samuel Hahnemann, Bibliographie de Samuel Hahnemann a été primée pour assurer sa diffusion par l’Institut d’histoire de la médecine de la Fondation Robert Bosch, de Stuttgart en Allemagne (www.igm-bosch.de). L’institut, qui abrite le fabuleux héritage littéraire du fondateur de l’homéopathie, a d’ailleurs tenu à héberger l’ouvrage dans son site internet.
Samuel Christian Hahnemann
1755-1843
Né à Meissen, en Saxe, en 1755.
Il étudia la médecine et la chimie dans les universités de Leipzip, Erlangen et Vienne.
Suite à l’obtention de son diplôme de médecine en 1779, il devient praticien de renom et soigna des membres de la famille royale allemande.
Malgré sa popularité, il abandonna la pratique de la médecine de son époque car il la considérait plus dangereuse que les maladies qui sévissaient alors.
Rappelons qu’à cette époque, les médecins utilisaient saignées, purges, sangsues, sétons, cautères et des médicaments toxiques à hautes doses (mercure, arsenic, Belladone…).
Par la suite, pour gagner sa vie et pour voir aux besoins de sa nombreuse famille comptant 10 enfants, il se consacra à la traduction de différents ouvrages. Il connaissait le latin, le grec, l’italien, l’anglais, le français et bien sûr l’allemand.
En 1790, en traduisant l’oeuvre de Cullen, physiologiste réputé de son époque, il fut frappé par un passage concernant le quinquina qui était utilisé pour guérir les fièvres provoquées par la malaria. Cullen expliquait alors que le quinquina ou » écorce du Pérou » guérissait la malaria à cause des propriétés astringentes et amères de son écorce. Ce qui intrigua Hahnemann fut le rapport que faisait Cullen entre le pouvoir de guérison du quinquina et ses propriétés amères et astringentes. Il décida donc de vérifier lui-même l’hypothèse de Cullen.
Pour ce faire, Hahnemann fit un mélange encore plus amer et astringent d’autres substances que le quinquina, et constata que celles-ci n’avaient aucun effet sur la malaria. Si les propriétés amères d’une substance ne guérissent pas la malaria alors, qu’est-ce qui permet la guérison ? Et pourquoi le quinquina guérit-il la maladie?
Curieux et intrigué, il décida d’expérimenter sur lui-même l’effet du quinquina. Il eut une fièvre intermittente et d’autres symptômes comme ceux de la malaria et émit une première hypothèse: c’est par similarité qu’il y a guérison lorsqu’on donne du quinquina à un malade atteint de malaria et non à cause des propriétés astringentes de la substance.
Pour en avoir le coeur net et en scientifique rigoureux, il se mit à étudier à fond les rapports entre les remèdes de son époque et les cas de guérison qui survenaient.
Il utilisa les substances telles que l’arsenic, le mercure, la belladone et le soufre qu’il expérimenta lui-même et sur d’autres personnes en bonne santé et découvrit qu’à trop forte dose ces médicaments provoquaient des symptômes similaires à ceux des maladies qu’ils étaient censés guérir.
Ainsi, le mercure employé dans le traitement de la syphilis entraînait l’apparition d’ulcères semblables à ceux de la syphilis. L’arsenic et la belladone (comme le quinquina) administrés pour lutter contre les fièvres produisaient certains types de fièvres, etc.
Pour éviter les effets toxiques provoqués pas les substances médicinales, il employait des doses de plus en plus réduites. C’est en diminuant les doses qu’il découvrit une augmentation des effets thérapeutiques du remède combiné à une diminution des effets toxiques. Euréka!
Le génie de Hahnemann est d’avoir été le premier à expérimenter sur l’homme sain l’action des substances toxiques, en cherchant à augmenter leur action thérapeutique, tout en éliminant leurs effets toxiques.
Guidé par un sens aigu de l’observation et utilisant une méthode scientifique rigoureuse, Hahnemann venait de découvrir en 1796 les fondements d’une toute nouvelle médecine; l’homéopathie était née!
Cette loi des semblables était déjà connue d’Hippocrate, quatre siècles avant J.-C. Hippocrate était le plus grand médecin de l’antiquité. Avec lui ce fut les débuts d’une médecine qui rompait avec les rites religieux et la magie. Pour Hippocrate, la santé est un état précaire; de minuscules défaillances, des perturbations invisibles et soudain c’est le changement brusque et la maladie qui apparaît. Son système repose sur l’altération des humeurs de l’organisme.
Considéré comme étant le père de la médecine, son éthique est à l’origine du serment que prêtent les médecins. Il en immortalisa les principes par ses phrases latines désormais célèbres: Similia similibus curentur (les semblables sont guéris par les semblables) et Contraria contraris curentur (les contraires sont guéris par les contraires).
Hippocrate formula également les fondements de la naturopathie et de l’homéopathie: la nature est son propre médecin si on lui en fournit les moyens. Elle l’est tout d’abord en ne lui nuisant pas et ensuite en traitant les causes par les semblables. D’autres phrases latines célèbres témoignent de ces préceptes: Vis medicatrix naturae (le pouvoir de guérison de la nature) de même quePrimum non nocere (avant tout ne pas nuire) et Tolle causam ( traiter les causes).